Je voudrais avoir été
Le premier soldat tombé
Le premier jour de la guerre
Charles Vildrac (1882-1971)
Poésie française
de la Grande Guerre

Lecture-conférence imaginée par l'historien Nicolas Beaupré (Université Clermont-Auvergne) et donnée pour la première fois le 7 octobre 2018 à Moulins-sur-Allier (03), à l'occasion de l'inauguration de l'exposition "Les écrivains français et la Grande Guerre".
Lecture par Vincent Fouquet, comédien, de poèmes de Guillaume Apollinaire, Charles Vildrac, Pierre Drieu La Rochelle, Jules Romains, Georges Duhamel, Louis Aragon, Yvan Goll, Jean Arbousset, Julien Vocance...

Nicolas Beaupré
Historien
Spécialiste de la Première Guerre mondiale et tout particulièrement de la littérature de guerre en France et en Allemagne, il est membre du comité directeur du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Agrégé et docteur en histoire, il est maître de conférences à l’Université Clermont-Auvergne.
Il a publié de nombreux ouvrages comme Écrire en guerre, écrire la guerre. France-Allemagne 1914-1920 (CNRS éditions, 2006, rééd. 2013), Les Grandes Guerres 1914-1945 (Belin, 2012) et Le traumatisme de la Grande Guerre. Histoire Franco-allemande 1918-1933 (Presses universitaires du septentrion, 2012). Il a dirigé l’ouvrage Écrivains en guerre 14-18, ‘Nous sommes des machines à oublier’. (Gallimard, 2016).

Vincent Fouquet
Comédien-lecteur
Formé au Conservatoire de Rouen auprès de Yves Pignot, il a joué dans près de trente spectacles, principalement des auteurs contemporains : Fassbinder, Quignard, Chartreux, Havel, Baricco, Motton, Grangeat… mais aussi certains classiques comme Marivaux, Ionesco, Feydeau ou Ibsen…
Auteur, il écrit pour le théâtre, notamment Quatorze (comédie documentée relatant les 38 jours qui précédèrent la première guerre mondiale) créée en 2014 à Lyon et en tournée dans toute la France jusqu’au printemps 2019.
Il est aussi le réalisateur de trois courts-métrages pour le cinéma : deux documentaires (Carbone14 et Petit-déjeuner à Stalingrad) et une fiction (Mon canard).

Propos
La Poésie française de la Grande Guerre
La poésie française de la Grande Guerre semble souvent se résumer aux seuls chefs d’œuvres de Guillaume Apollinaire et rares sont ceux qui peuvent aujourd’hui citer un autre poète que lui. Est-ce à dire que les poètes français restèrent muets dans les tranchées ? Certes non. La poésie de guerre française fut également un phénomène culturel et artistique de grande ampleur et d’une grande diversité.
Le but de cette lecture-conférence est tout à la fois de remettre dans son contexte historique le phénomène littéraire représenté par la poésie de guerre française mais aussi de faire entendre les voix singulières de quelques-uns de ces poètes.
L'usine à faire des morts
Avait son service d'hygiène.
Tous les jours deux cents condamnés
Vont à la douche.
Deux cents bestiaux tous nus,
Sauf le bracelet matricule.
Jean Cocteau (1889-1963)
Production : la Maison Serfouette
Durée : 1 heure 15
Devis, conditions techniques : sur simple demande
Par le travers de l'Europe, nous sommes des millions et seuls.
Multitude solitaire, qui divulguera notre peine inconnue ?
Ennemis de cette tranchée-ci ou de la tranchée d'en face
Tous ensemble isolés au milieu du monde
Au milieu de l'implacable sollicitude du monde.
Ô monde tu couves notre gloire, comme la mère veut garder à ses enfants la vie douloureuse et mortelle.
Et nous nous battons ensemble jour après jour tous embauchés bons ouvriers à cette besogne d'entre-massacre.
Pierre Drieu La Rochelle (1893-1945)
La boucle des cheveux noirs de ta nuque est mon trésor
Ma pensée te rejoint et la tienne la croise
Tes seins sont les seuls obus que j'aime
Ton souvenir est la lanterne de repérage qui nous sert à pointer la nuit
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Je l'ai reçu dans la fesse
Toi dans l'œil
Tu es un héros, moi guère
Julien Vocance (1878-1954)